VIOLENCES BASÉES SUR LE GENRE : LA « BOUTIQUE DE DROIT » DE THIÈS NOTE UNE AUGMENTATION EN 2018

La « Boutique de droit » de Thiès a noté une augmentation du nombre de dossiers de consultations qui lui ont été soumis pour violences basées sur le genre en 2018, par rapport à 2017, a indiqué vendredi sa coordonnatrice Seynabou Dieng Dièye.

« Au courant de l’année 2017, nous avons eu plus de 532 cas, et ça a augmenté au courant de 2018 », a relevé Mme Dièye, précisant que le chiffre exact n’est pas encore disponible.

Le rapport de l’année finissante est en cours d’élaboration, a-t-elle dit, ajoutant que parmi les dossiers de 2018, figurent des cas de l’année précédente, encore en instance.
Mme Dièye, par ailleurs membre de l’Association des juristes sénégalaises (AJS), promotrice de la « Boutique de droit », s’adressait à des journalistes au terme d’un forum sur les violences faites aux femmes, dans le cadre de 16 jours d’activisme contre ce phénomène.
Plusieurs dizaines de femmes avaient pris part aux échanges qui ont eu lieu devant le Centre départemental d’assistance et de formation pour la femme (CEDAF). Un imam et un curé ont été invités à décliner la position des deux religions sur les violences faites aux femmes.
« Les violences conjugales prédominent » parmi les dossiers qui arrivent à la Boutique, et pour ces cas la structure de conseil privilégie la médiation, par laquelle 70% des cas sont résolus, a-t-elle souligné.
Seuls les viols ne font pas l’objet de médiation, et donnent lieu à un enclenchement de la procédure contentieuse devant la justice.

La coordinatrice de la ’’Boutique de droit’’ de Thiès estime que la non-déclaration à l’état civil retarde souvent la procédure.
En l’absence d’un certificat de mariage ou d’un extrait de naissance pour attester de la minorité de la victime ou de l’existence de liens conjugaux entre les protagonistes, la « Boutique de droit » enclenche une procédure d’acquisition de ce document, parallèlement à celle judiciaire, a-t-elle expliqué.
L’établissement d’un document d’état civil prend souvent du temps, a-t-elle relevé, déplorant que la violence « commence à gagner du terrain et c’est préjudiciable à la société ».
Pour Seynabou Dieng Dièye, la pauvreté, la promiscuité, le manque d’éducation, de sensibilisation, de dénonciation dans l’espace familial, sont les principales causes des violences faites aux femmes. Tout comme le déficit de vulgarisation des législations existantes sur les violences basées sur le genre.
La « Boutique de droit » organise ainsi des ateliers à l’intention des autorités et des personnes ressources pour contribuer à la sensibilisation, a signalé Mme Dièye.
Installée en janvier 2017, la « Boutique de droit » de Thiès est l’un des cinq points du genre, érigés par les juristes sénégalaises dans autant de départements du pays.