PRÉSIDENTIELLE : LE CNRA COMPTE SUR LES RADIOS COMMUNAUTAIRES POUR « UN CLIMAT SOCIAL APAISÉ

Le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA), disant privilégier « la prévention sur la répression et la fraude », en appelle au « sens des responsabilités » des exploitants des radios communautaires pour le respect de la réglementation les régissant et le maintien d’un « climat social apaisé », en perspective de la présidentielle de février 2019.

« Le CNRA sait pouvoir compter sur le sens des responsabilités des exploitants des radios communautaires à contribuer au respect de la réglementation et au maintien d’un climat social apaisé », a déclaré son président Babacar Diagne, jeudi à Dakar, à l’ouverture d’une rencontre d’information et de sensibilisation des acteurs des radios communautaires.

« Cette démarche entre dans le cadre de notre option de pédagogie dans la régulation », a dit M. Diagne, ajoutant que le CNRA, pour assurer le respect de la réglementation régissant le fonctionnement des radios communautaires, privilégie « l’accompagnement, le dialogue, les échanges et la concertation sur la sanction ».
Bacacar Diagne rappelle que selon le cahier des charges qui leur est applicable, les radios communautaires ne peuvent « diffuser des informations, messages ou débats à caractère politique ».
De même il leur est interdit toute publicité commerciale, la réglementation ne les autorisant à diffuser que des avis et communiqués n’ayant pas un caractère commercial.
Les radios communautaires « doivent être traitées, par le régulateur, avec la même considération que tous les autres acteurs de la chaîne de valeur de la communication audiovisuelle », bien que de par la réglementation, il leur est interdit « de couvrir, de produire, de programmer et de diffuser des émissions à caractère politique ou des activités relatives à la campagne électorale ».
« Vous allez avoir un rôle important à jouer dans la préservation de la paix sociale » en perspective de la prochaine présidentielle, a lancé le président du CNRA à l’endroit des membres de l’Union des radios associatives et communautaires (URAC), qui compte 114 membres présents pour la plupart à cette rencontre.
Il a rappelé que les crises enregistrées dans certains pays africains étaient liées aux « discours haineux » diffusés par des radios communautaires qui ont ce faisant contribué à amplifier les clivages régionaux.
M. Diagne est revenu sur la nature et les principes de base régissant les radios communautaires, estimant qu’une radio communautaire contrôlée par un élu local, un homme politique ou un homme d’affaires n’en est plus une et change de vocation et de nature.
« C’est la nature même de la radio communautaire qui interdit le parti pris », a indiqué le président du CNRA en langue nationale wolof, notant que la radio communautaire doit refléter les besoins et aspirations de la communauté.
Il a insisté sur la nécessité de pallier d’éventuelles distorsions mais se dit ouvert aux discussions concernant la viabilité des radios communautaires, s’il s’avère que leur modèle économique « ne fonctionne plus ».
« Si le modèle économique n’est pas viable, il y a nécessité d’en discuter » avec les pouvoirs publics, a-t-il dit, avant d’annoncer que le CNRA travaille sur une typologie des radios communautaires pour assainir le secteur et en extraire les entités dont le fonctionnement ne correspond plus au cahier des charges régissant le secteur.
Il répondait ainsi aux inquiétudes de plusieurs participants selon qui l’interdiction faite aux radios communautaires de ne pas programmer ou diffuser des émissions à caractère politique ou de la publicité commerciale risque de « tuer » les radios communautaires, compte tenu de leurs charges de fonctionnement rapportées à leurs recettes jugées insuffisantes.
Certains acteurs des radios communautaires ont en conséquence réclamé plus de soutien pour que leurs entreprises ne deviennent pas « les otages » des élus locaux et hommes politiques.