Marièm, victime d’excision : Une sexualité compromise
Marièm 34 ans, connait une vie conjugale actuellement mouvementée du fait d’une sexualité assez difficile. La faute a une excision et suture qui remontent à ses années de fillette.
Cette année-là, Marièm avait entre 7 et 8 ans. Comme toute mère, la sienne tenait au respect la tradition, par le biais sa fille. Elle sera alors conduite chez les exciseuses. Le clitoris sera coupé suivi d’une infibulation (suture du sexe pour réduire l’ouverture du vagin). Ainsi, la société croyait l’avoir protégé de toute relation intime avant le mariage.
Seulement, ce qui devait être un remède sera la source du mal. Un mal qui la poursuit jusqu’à aujourd’hui. Âgée de 34 ans, mariée, elle n’arrive pas à s’épanouir dans sa vie conjugale qui d’ailleurs ne tient plus que sur un fil.
En fait, au fils des années la jeune fille qu’elle était avait de plus en plus du mal à satisfaire ses besoins naturels. Elle sentait une douleur atroce à chaque fois qu’elle voulait pisser. ‘’Je ne pouvais pas uriner. C’était difficile, ça faisait mal’’, souffle-t-elle.
Elle croyait avoir affaire à une maladie qu’elle n’arrivait pas à cerner. Envoyée à l’école dès le bas-âge, Marièm a fait des études jusqu’en classe de terminale. Ce niveau d’instruction va sans doute marquer un pas décisif, puisqu’elle a décidé de son propre chef d’aller rendre visite à un médecin. ‘’C’est le gynécologue qui m’a fait savoir que mon sexe a été suturé, il a enlevé la suture’’.
Une fois la maison, elle demande à sa maman le pourquoi d’une telle opération. Sa mère lui fait comprendre que c’est pour éviter des rapports sexuels avant mariage. Sur le coup, elle lui donne la nouvelle, à savoir qu’elle a enlevé la suture, non sans lui expliquer qu’elle avait du mal à uriner.
Malgré ses explications, sa mère va la réprimander. Elle lui fait comprendre même que si elle a des problèmes, c’est parce que les dames qui l’ont excisée manquent d’expertise, sinon, c’est une pratique vielle de plusieurs générations.
Quant à Marièm, expertise ou non, elle retient une chose : c’est que le mal est déjà fait. ‘’On me l’a fait quand j’étais jeune, mais si j’en étais consciente, je n’allais jamais accepter. C’est pourquoi j’en fais mon combat. Je porte plainte à quiconque essaie de le faire subir à ma fille et je n’hésiterais pas à dénoncer celles qui la font subir à leurs filles’’, prévient-elle.
Si Marièm est aussi déterminée, c’est pour éviter que d’autres femmes subissent le même sort. En effet, Marièm a trouvé l’homme de sa vie depuis 5 ans. Mais ce qui devait être une partie de plaisir s’est transformé en cauchemar. En réalité, sa sexualité lui a été volée dès le bas-âge.
Seulement, il lui a fallu qu’elle consomme son mariage pour comprendre. ‘’Mes rapports sexuels sont très difficiles, le sexe est serré ce qui fait que c’est douloureux. Finalement je fuis mon mari, je n’ai pas envie de relations sexuelles’’, confesse-t-elle.
Aujourd’hui, son mariage traverse une zone de turbulence. Son mari est un émigré et la dernière fois qu’il a quitté le pays, ils s’étaient fâchés. Depuis, le contact est certes maintenu, mais les échanges sont devenus moins fréquents. Marièm en est inquiète. Elle espère sauver son mariage au prochain voyage de son mari. ‘’Je veux lui proposer de l’amener chez le gynécologue pour qu’il lui explique, puisque je lui ai expliqué, mais il ne veut pas comprendre’’.
Partagée entre les obligations conjugales et le traumatisme de l’excision, Marièm ne sait plus où donner de la tête. Ainsi, à défaut de trouver solution à son mal, elle voudrait surtout que les potentielles victimes en soient sauvées.