EUMEU SÈNE, DE LIEUTENANT À GÉNÉRAL
Le lutteur Mamadou Ngom, dit Eumeu Sène, lieutenant pendant plusieurs années notamment auprès de Mohamed Ndao Tyson, a gravi les échelons un à un pour se coiffer de la toge de « Roi des arènes », à la faveur de sa victoire nette et sans bavure aux dépens de Bombardier le 28 juillet dernier.
Une consécration pour ce lutteur qui ne faisait rien comme les autres, ni au niveau de sa taille (1m 75) ni dans les outrances verbales d’avant combat. Des joutes dont raffolaient les amateurs de lutte et qui auraient le don de « vendre les affiches auprès des amateurs ».
Le nouveau du « Roi des arènes », consacré ’’meilleur lutteur avec frappe’’ par l’Association nationale de la presse sportive (ANPS) début décembre, a amené ce titre à son fief de Pikine, un quartier de grands lutteurs. Il a obtenu cette consécration au moment où des espoirs aux dents longues à l’image d’Ama Baldé et Boy Niang 2 ont commencé à titiller la cour des grands.
Longtemps embusqué derrière son mentor Tyson, après avoir fait ses armes dans les séances de lutte traditionnelle et fait un passage à l’écurie Hal Pulaar, le natif de Pikine a pris le pari d’ériger sa propre écurie.
On retiendra ainsi d’Eumeu Sène qu’il a tissé sa toile lentement et sûrement jusqu’en cette après-midi du 28 juillet au stade Léopold Sédar Senghor. « Tay Shiniger’’ a impressionné à cette occasion son monde après sa victoire au courage contre Gris Bordeaux, le Tigre de Fass, au stade Demba Diop.
Rossé de coups par son adversaire, le visage en sang, il a malgré tout réussi à déjouer tous les pronostics pour gagner ce combat que des férus de lutte ont appelé « le clasico » de la lutte avec frappe opposant Fass à Pikine en mai 2011.
Ce combat est entré dans les annales de la lutte avec frappe pour son âpreté mais aussi la capacité de résilience d’Eumeu Sène.
Et comme rien n’est simple pour Eumeu Sène, il a chuté contre Modou Lô, de l’écurie « Rock énergie », des Parcelles Assainies, après avoir fini de battre à deux reprises Balla Gaye 2 de l’école de lutte du même nom de Guédiawaye (banlieue dakaroise).
Le « Roc des Parcelles Assainies » doit lui affronter début janvier 2019 le « Lion de Guédiawaye’’. Lô n’avait pas réussi à faire le poids devant le fils de Double Less lors de leur première confrontation en août 2012.
La lutte avec frappe ayant ses propres règles différentes des autres sports de combat, des promoteurs ont néanmoins réussi à décrocher l’affiche Eumeu Sène contre Bombardier alors que le lutteur de Mbour (ouest) avait fini de faire le vide autour de lui sans battre Yékini, l’ancien champion de l’arène sénégalaise.
Appelé « combat royal », cet affrontement a finalement eu lieu le 28 juillet 2018 au stade Léopold Sédar Senghor après plusieurs reports. Le jour de gloire était enfin arrivé. Et le chef de file de l’écurie « Tay Shinger » de monter ainsi sur le toit de la lutte sénégalaise avec frappe.
Le lutteur de Pikine s’est définitivement invité dans la cour royale de la lutte en donnant l’exemple de l’humilité et de la résilience, des vertus cardinales en sport mais aussi des leçons dans la vie de tous les jours.